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DE LA VILLE DE PARIS.
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geois, toutes choses feurent cessées ct rendues paisibles. Mais fut rapporté, après que tout fut passé, que l'on avoyt rompu deux maisons par le bas en aulre lieu, l'ung d'ung barbier demourant rue Sainct Germain de l'Auxerrois, où les verrières de Pou-vrouer feurent rompues, et l'autre d'ung nommé Lussault près l'Aport de Paris, où furent rompues les deux portes et emporté quelque vesselle d'eslaing et ung tapis verd.
"Le seoir, les choses reduictes en tranquilité et ordre donné qu'il ne survint plus grand tumulte ou insollence, fut advisé mander, environ neuf heures, le Conseil de la Ville qui fut assemblé environ les dix heures du seoir, où feurent mandez vingt des plus principaulx marchans et bourgeois dela rue Sainct Denys, ausquelz bourgeois fut declairé le mal qui se preparoict en ceste Ville par telles esmolions et l'inconvénient qui s'en pouvoit ensuivre, tant pour le mescontentement du Roy que peril et danger en ceste Ville, en general et en particullier, et qu'il failloit qu'ilz feyssent tout debvoir pour appréhender les mutins et seditieulx, affin de monstrer au Roy que telles choses nous déplaisent, par la bonne justice qui seroict faicte de telz perlurbateurs du repos publicq; et que, pour ce faire, on leur avoit mandé qu'ilz eussent à tenir à leurs maisons ung homme armé pour favoriser la justice. A quoy fust respondu par quelques ungs qui leur deplaisoyt grandement de veoir telles choses et qu'ilz y avoient le plus d'in-terestz, estans bien merriz que le Roy n'estoit obey, et que pour ce faire ilz offroient leurs vies et biens,
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mesmes pour prandre telz brigans et voleurs. U est vray que remonstroient que, pour faire si promptes captures, il leur failloit quelqu'ung pour les conduire; mais fut advisé de ne leur permectre prandre aucun chef, comme n'en ayant aucun commandement du Roy, et qu'il sembloyt que ce feust reprins les armes.
"Toute la nuict on prépara et feit on ce que l'on peut pour avoir des gens, actendant que ledict sieur Prevost de Paris mandast ce que l'on feroyt pour la desmolition de la Pyramide. Et feirent lesd, sieurs Prevost et Eschevins le guet en personnes, comme dict est cy dessus. Et oultre feurent au logis dud. sieur Prevost de Paris, qui n'avoyt encores ce qui luy estoit necessaire pour le faict de lad. execution.
"En la mesme nuict, lesd, sieurs Prevost et Eschevins feurent eulx mesmes au Petit Chastellet11', où ilz firent porter six harquebouzes à crocq, et faire ce qui estoit necessaire pour faire fermer le passaige de l'Université.
"Ilz feurent aussy au bout du Pont Sainct Michel, pour preparer le semblable, craignans que le lendemain l'esmotion recommanceasl. Toutesfois il n'advint led. jour de lundy aulcune chose, et feurent lesd. Prevost de Paris, officiers de Chastellet, Prevost des Marchans et Eschevins, suivant l'advis du Conseil du jour preceddent, au Parlement, affin que chacun rendist compte de sa charge, et eust conseil de ce qu'il avoyt affaire à l'advenir; où fut prins telle resolution que vous dira ce present porteur!'2'.
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ll) Dans A, ces deux lignes sont répétées par distraction en tête du paragraphe qui suit immédiatement.
P) Les Registres du Parlement sont muets sur cette résolution. On y trouve seulement que la Cour écrivit, le io décembre, au maréchal de Montmorency pour lui démontrer la nécessité do sa présence à Paris, et que celui-ci répondit le 11, sans doute après avoir reçu la visite de l'Echevin Lescalopier, une curieuse lettre dont la parlie essentielle mérite d'étre reproduite : «Messieurs, j'ay receu "vostre lettre à ce matin, par laquelle me priez vous aller trouver pour pourveoir avec vous au desordre qui est arrivé à Paris, ces deux "festes dernieres, qui me donne aultant d'ennuy comme ung tel mespris et desobeissance aux commandemens du Roy doibt desplaire à "tous ses bons serviteurs et subjeetz. Et eusse bien desiré, comme j'avois mandé aux Prevost des Marchans et Eschevins de lad. Ville, que "tous les officiers eussent si bien pourveu, après le premier jour que ce peuple commença à se desborder, que le Roy eust aussitost esté "adverty du debvoir ou l'on s'estoit mis à luy faire rendre l'obeissance qui luy est deue, qu'il sera de la lourde faulte qui y a esté com-"mise. Et pour ce, Messieurs, que je ne veulx faillir d'obeyr à ces commandemens, je vous envoyé une lettre qu'il luy a plus m'escrire "où vous verrez comme Sa Majesté me commande l'aller incontinent trouver, qui est cause que je m'en voys en ma maison, pour don-"ner ordre à ce qu'il me fault pour aller à la court le plus tost qu'il me sera possible. N'estimant pas aussi estre à propos que je me "trouve en la Ville durant ces moutiueries, si ce n'est avec les forces qui sont necessaires pour aprendre à ung peuple qui est effréné "comme il doibt obeyr à son Roy. Qui me fera vous supplier, Messieurs, vous voulloir contenter de ces raisons, et ce pendant comman-trder aux officiers, tant de la Ville que du Chastellet, s'employer plus diligemment et sans user de connivence à myeulx faire obeyr le "Roy, qu'ilz n'ont faict ces jours passez. Et en ce faisant, Sa Majesté ne sera poinct contraincte d'y envoyer de plus grandes forces. . . Du "Bourget, le xi" jour de Decembre mil vclxxi.- Cette lettre fut reçue et transcrite le jour même surie Registre. (Archives nat., X1A i634, fol. 82.)
On ne peut s'empêcher de remarquer combien le Parlement, ordinairement si jaloux de son autorité, particulièrement pour tout ce qui touchait à la police de Paris, cherchait en cette circonstance à échapper aux obligations qui lui incombaient en l'absence du Gouverneur de la Ville, ll n'avait jusque-là décrété aucune mesure, et cependant les troubles commencés depuis plus de huit jours avaient pris, le 8 et le 9, une tournure inquiétante. Le io seulement, voulant se decharger de toute responsabilité dans la répression, il invite
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